En tout, le projet blueFACTORY a besoin d’une recapitalisation à hauteur de 50 millions de francs. Ce montant sera réparti équitablement entre les deux actionnaires, la Ville et le canton de Fribourg. Cet argent sera investi dans la construction de deux bâtiments supplémentaires et dans la rénovation du bâtiment A et du Silo. La société prévoit ainsi des investissements à hauteur de 75 millions de francs. Mais pour cela, la part cantonale de cette recapitalisation, soit 25 millions de francs, doit être approuvée par le peuple fribourgeois.
Revenons un peu en arrière afin de comprendre comment BFF SA a aujourd’hui besoin d’une recapitalisation. Lors de sa création en février 2014, la société disposait de 25 millions de francs dont 24 millions sous forme d’actifs immobilisés – soit la valeur historique d’achat du site – et d’un capital en trésorerie de 1 million de francs. Ces moyens ont été investis dans la préparation du terrain (démolition d’infrastructures obsolètes), l’assainissement de la cheminée (afin d’assurer la sécurité) et la transformation de la Halle bleue et de la Halle 1. Puis, en 2016, BFF SA a également obtenu deux prêts de 5 millions l’un auprès de l’Etat de Fribourg, l’autre auprès de la Ville.
Les raisons de la recapitalisation
La mission principale de BFF SA est de construire des locaux et de les louer dans le but de favoriser un transfert des connaissances entre les hautes écoles, les institutions de recherche et développement, les entreprises et les marchés et ainsi créer un quartier d’innovation blueFACTORY.
Sur le plan financier, les fond mis à disposition de BFF SA devaient permettre à la société d’assurer son financement jusqu’à ce que ses revenus soient suffisants pour s’autofinancer, d’ici 2023. Or, les retards cumulés notamment dû à l’élaboration du Plan d’affectation cantonal (PAC) – approuvé en 2018 seulement –, l’objectif financier ne sera pas atteint. D’autant plus que la société fait face à des charges non connues et non estimées lors du plan financier originel, comme la maintenance du patrimoine plus importante que prévue ou le développement des infrastructures de base.
Malgré ces charges non anticipées, BFF SA a progressé financièrement avec des revenus passant de 443’000 francs en 2015 à 2,050 millions aujourd’hui. Avec les bâtiments actuels, blueFACTORY ne dispose plus de surfaces libres à louer, ce qui serait une nécessité pour que l’entreprise puisse poursuivre sa croissance.
Le premier bâtiment qui sera réalisé, et pour lequel BFF SA dispose déjà du permis de construire, sera mis en service à la fin de l’an prochain. Il offre un potentiel de 400 emplois supplémentaires sur le site. D’ailleurs, ce sont près de 800 emplois qui sont attendus à blueFACTORY en 2025, un nombre qui pourraient atteindre 2500 d’ici 2040, lorsque toutes les phases de développement auront été réalisées.
Un référendum a été déposé pour que la population se prononce sur l’augmentation de la part cantonale à blueFACTORY. Selon les référendaires, cette recapitalisation représente un chèque en blanc pour une société dont la gestion a été désastreuse depuis sa création. Ils souhaitent transférer les fonds à l’Etablissement cantonal de promotion foncière et mettre les terrains à disposition d’une entreprise externe. Et, ils rappellent que lors de sa création blueFACTORY devait devenir un pôle d’innovation, un « mini EPFL » à Fribourg, porteur d’emplois à haute valeur ajoutée et de richesse. Près de 10 ans plus tard, ils font le constat que blueFACTORY n’a pas atteint ses objectifs.
Un site aux multiples atouts pour l’économie
Pourtant, le site de blueFACTORY contribue à la relance économique en favorisant la formation des jeunes fribourgeois et en créant des places de travail dans le canton.
Ainsi, il est important de recapitaliser la société afin de conserver en mains fribourgeoises un terrain dont la valeur promet de tripler d’ici 10 ans. En effet, une étude de la société de conseil indépendante Wüest & Partner évoque une valeur future de 300 millions de francs.
Cela étant, il est nécessaire aujourd’hui de s’atteler au développement d’un pôle d’innovation et de synergies entre les entreprises fribourgeoises et le monde académique tel que l’EPFL afin d’être reconnu sur le plan national et international. La société prévoit la création d’un quartier attractif, vivant et pionnier en matière de neutralité carbone – un avant-goût de cela existe déjà dans le NeighborHub (lire ci-contre) –, qui regroupe start-up, entreprises, hautes écoles, culture et logements, en harmonie avec la ville. Ce projet profitera à l’ensemble du canton et mettra un coup d’accélérateur pour que blueFACTORY reste pionnière en Suisse. Quant au développement de l’habitat durable de demain, il se réalise au travers du Smart Living Lab (lire ci-contre), un centre de recherche qui prévoit la construction d’un nouveau bâtiment sur le site de blueFACTORY.
Dans le contexte de crise économique liée à la pandémie, l’investissement prévu de 50 millions de francs pour les trois prochaines années aura des retombées positives pour l’économie cantonale. En effet, il est prévu que les bâtiments soient construits par des entreprises fribourgeoises avec du bois local.
Lors de la séance de la Chambre patronale, la question a été vivement discutée. Finalement, les membres ont décidé par une forte majorité de soutenir ce projet qui soutient l’innovation à Fribourg et créera de nombreux emplois à haute valeur ajoutée.