Votation PRODES : Interview avec Daniel Bürdel


Le 24 novembre prochain, le peuple suisse sera appelé à voter sur l’arrêté fédéral sur l’étape d’aménagement 2023 des routes nationales PRODES (programme de développement stratégique). Un sujet d’importance capitale pour le développement économique de notre pays qui a été soutenu à l’unanimité par la Chambre patronale. Décryptage avec Daniel Bürdel, directeur adjoint de l’UPCF et député au Grand Conseil.

Pourquoi l’étape d’aménagement 2023 des routes nationales est-elle cruciale pour l’économie du pays et plus particulièrement pour celle du canton de Fribourg ?

L’économie fribourgeoise est concernée par cette étape d’aménagement, car les personnes et les marchandises circulent à destination et en provenance de Fribourg. Les PME, l’économie et la société pâtissent des bouchons qui réduisent la productivi- té, donc le pouvoir d’achat et la qualité de la vie.

En effet, les embouteillages sont en augmentation depuis plusieurs années, engendrant une perte d’environ 1,2 milliard de francs par année pour le monde économique, ce qui représente de facto une perte conséquente pour notre canton. Il est donc primordial d’éliminer les goulets d’étranglement qui pénalisent de plus en plus l’économie suisse.

Quels sont les principaux projets de développement routier inclus dans cet arrêté et comment pourraient-ils avoir un impact sur le tissu économique fribourgeois ?

Cette étape concerne six projets: l’élargissement Wankdorf-Schönbühl à Berne, l’élargissement Schönbühl-Kirchberg à Berne, le tunnel du Rosenberg à Saint-Gall, le tunnel du Rhin à Bâle, le tronçon Le Vengeron – Coppet – Nyon à cheval entre Genève et Vaud ainsi que le tunnel de Fäsenstaub à Schaffhouse.

Aucun projet ne concerne directement le canton de Fribourg, mais cela fait partie d’un programme de développement stratégique au niveau national. Dans la région, nous avons pu en bénéficier lors d’une étape précédente avec la construction de l’autoroute entre Morat et Yverdon-les- Bains.

Les infrastructures actuelles sont-elles suffisantes pour soutenir la croissance économique du canton de Fribourg ?

Non. Il faut se rendre compte que l’économie fribourgeoise exporte ses marchandises dans d’autres cantons comme Zurich, Bâle, Genève ou Vaud. Dans ce cadre-là, les transports des biens sont pénalisés par les bouchons qui existent actuellement. Ce n’est pas parce que les autoroutes fribourgeoises sont rarement embouteillées que l’économie cantonale ne souffre pas du manque de fluidité du trafic dans le reste du pays. Il est important de considérer cette problématique de manière globale.

Comment ce programme stratégique d’aménagement routier se combine- t-il avec les investissements ferro- viaires prévus ?

Il est essentiel d’investir dans les deux mo- des de transport pour que tout le système de mobilité helvétique puisse être efficace. C’est ici qu’intervient la notion de multi- modalité, à savoir l’interconnexion des modes de transport. Ce lien permet à la route et au rail d’interagir de manière optimale et à chaque mode de transport de faire valoir ses propres atouts.

Certains critiquent cet arrêté pour son impact potentiel sur l’environnement. Qu’en dites-vous ?

Les routes suisses sont très efficaces car elles utilisent peu de place par rapport au nombre de voitures qui les empruntent. Le réseau des routes nationales demeure inchangé. Les projets présentés ne visent pas à construire de nouvelles routes, mais uniquement à prendre des mesures pour éliminer des goulets d’étranglement et améliorer la fluidité du trafic. Aux endroits où des sections de routes nationales sont renouvelées, l’éventuelle occupation de terres cultivables doit être compensée.

Vous évoquez la question de la sécurité routière. En quoi cette étape d’aménagement des routes pourrait l’améliorer ?

Les embouteillages engendrent une hausse du risque accidents. Grâce à la correction des goulets d’étranglement sur les routes nationales et la préservation des localités contre un trafic excessif, la sécurité routière est renforcée également dans les villes, les agglomérations et les villages.

Comment est financée cette étape d’aménagement ?

Le financement de ce projet est assuré par les usagers de la route qui contribuent au travers de taxes spécifiques au Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA). Je tiens à préciser que ce fonds est bien distinct de celui du financement pour l’infrastructure ferroviaire (FIF). Ces deux instruments de financement indépendants sont complémentaires.

De votre point de vue, qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de l’arrêté auprès des membres de la Chambre patronale ?

Lors des discussions à la Chambre patronale, les membres ont décidé de soutenir ce projet à l’unanimité. Cela démontre qu’ils voient une réelle utilité économique à fluidifier le trafic en Suisse et que ce projet concerne tous les secteurs d’activité et toutes les régions du canton.

Le soutien s’étend-il au-delà de la Chambre patronale ?

Effectivement, nous avons créé un comité de soutien à cet objet de votation. En quelques semaines nous avons pu rassembler plus de 50 personnes du monde économique et politique. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que ce sujet concerne tout le monde.