« La présence des jeunes renforce l’éthique de travail »


L’entreprise Gilbert L’Homme, spécialiste de l’ameublement et de l’agencement à Mézières, s’engage depuis toujours dans la relève professionnelle. Lors de la dernière Rentrée des Entreprises, elle a remporté le prix de meilleure entreprise formatrice dans la catégorie «technique de la construction.»

Frank-Olivier Baechler

On a un savoir-faire, donc faites-le savoir ! » Gilbert L’Homme, maître ébéniste à Mézières, n’est jamais avare d’un bon mot – ici un slogan utilisé à l’interne. Le charismatique patron a repris l’affaire familiale en 1981 avec son frère, qui est désormais à la retraite. « J’ai toujours connu l’entreprise avec des apprenti·e·s. Le premier a été formé en 1957 … l’année de ma naissance ! Depuis l’agrandissement de l’atelier en 1990, nous prenons un·e apprenti·e tous les deux ans.
La formation d’ébéniste durant quatre ans, il y en a toujours deux qui travaillent simultanément chez nous. En dehors de ma femme et moi, l’entreprise compte une douzaine d’employé·e·s qualifié·e·s. De là à dire que ce sont nos apôtres … »
Gilbert L’Homme en est persuadé : une entreprise qui forme aura toujours plus de facilité à trouver du personnel. Mais il y a d’autres avantages. « La présence des jeunes motive tout le monde à œuvrer selon les règles établies dans la profession, en faisant preuve d’une plus grande vigilance en matière de sécurité. L’éthique de travail en est renforcée et favorise la notion de respect, qui est primordiale. » A Mézières, on fabrique depuis toujours des armoires, des dressings, des escaliers, des portes ou encore des boiseries. « Depuis mon arrivée, nous avons beaucoup développé l’agencement de cuisine, de magasin ou de restaurant, ainsi que l’aménagement de bureau. Mais attention, nous travaillons uniquement sur commande. C’est la différence entre l’artisan et l’industrie : l’industrie vend ce qu’elle a produit, alors que l’artisan produit ce qu’il a vendu. »

Bientôt plus d’écrans que d’établis
Toujours est-il que cette polyvalence est un atout pour attirer de nouvelles recrues – apprenti·e·s y compris. « Elle permet de diversifier les activités et de maintenir l’intérêt. L’informatisation du métier plaît aussi aux jeunes, qui apprécient le côté technologique. Nous avons bientôt plus d’écrans que d’établis ! » Longtemps membre de la commission d’apprentissage, qu’il a présidée durant 15 ans, Gilbert L’Homme s’est beaucoup engagé pour la relève professionnelle. « Dans le canton de Fribourg, la tradition du bois est bien présente et nous n’avons pas de gros problème de recrutement. » D’autant que les femmes s’intéressent de plus en plus au métier. « J’en compte actuellement trois dans mon équipe, deux CFC et une en apprentissage. C’est une évolution réjouissante. » Fort de son expérience, le sexagénaire regarde la nouvelle génération avec bienveillance : « Avec internet et les réseaux sociaux, les tentations sont grandes pour les jeunes. Il est important pour ces dernier·ère·s d’être ancré·e·s, par exemple en pratiquant du sport ou de la musique. Je vais parfois voir un match ou un concert, ça leur fait plaisir. Finalement, je constate que la plupart vont bien ! »