Les organisations qui ont précédé l’UPCF et la FER ont été fondées en parallèle à Morat il y a 75 ans. Quelles sont les raisons qui ont conduit à cette création ?
C’est la sécurité sociale qui est à l’origine de la FER. Avec la mise en place de l’AVS en 1947, les milieux patronaux de Suisse romande ont décidé de fonder leurs propres institutions sociales. C’est sous l’impulsion de Ferdinand Masset (Fribourg) et Renaud Barde (Genève) que la Fédération romande des syndicats patronaux (FRSP) a vu le jour, le 30 juillet 1947, à Morat. L’assemblée constitutive crée le même jour la Caisse interprofessionnelle romande de l’AVS. Si le but premier était de créer une caisse AVS, la volonté de ce regroupement d’associations patronales était aussi d’avoir un impact important sur les plans économique et politique. Il faut souligner l’originalité et la profondeur de vue des fondateurs. Ils ont imaginé une organisation patronale et économique régionale et interprofessionnelle, ouverte à tous les types d’entreprises. Cela n’allait pas de soi à l’époque.
Qu’est-ce que ces deux entités ont-elles gardé en commun ?
Elles ont un ADN commun et une structure proche, même si la taille des entités est différente. L’objectif est d’offrir à leurs membres une palette très large de prestations afin de les décharger des tâches administratives. Les assurances sociales constituent l’un de ces volets. Ces organisations s’occupaient déjà de prestations sociales avant l’introduction de l’AVS. Elles disposaient de vastes compétences qui n’ont cessé de s’étendre et de se renforcer. La FER CIAV 106 est d’ailleurs devenue la plus grande caisse interprofessionnelle de compensation AVS de Suisse.
Qu’apporte l’UPCF au réseau de fédérations économiques cantonales que représente la FER ?
L’UPCF apporte son expérience et son savoir-faire en matière patronale et politique. Les échanges entre toutes les fédérations membres de la FER sont toujours riches, en particulier l’approche régionale et les difficultés que ces différentes régions rencontrent. J’ajoute que j’apprécie la dimension bilingue de l’UPCF qui nous permet de bénéficier d’une sensibilité patronale très large. Au niveau politique, il est important pour le réseau de la FER de pouvoir compter sur l’appui de l’UPCF, par exemple, lors de nos réponses aux procédures de consultation et sur certains élus fribourgeois qui pourront relayer nos prises de position au Parlement.
Comment les différentes fédérations peuvent-elles profiter de ce réseau que représente la FER ?
Il y a de nombreux échanges au sein du réseau FER, soit de manière directe entre les membres ou moi-même, soit au travers des comités FER qui ont lieu plusieurs fois par année. On peut ainsi profiter des expériences des uns et des autres pour résoudre certaines difficultés ou échanger sur des thèmes importants pour notre fédération. Des synergies ont été créées dans plusieurs domaines, notamment la sécurité sociale et la formation et celles-ci vont continuer. Il y a aussi des prises de position communes et une volonté que la FER soit bien représentée au niveau fédéral.
Comment ce réseau a-t-il évolué ?
Les échanges au sein du réseau se sont intensifiés au cours des dernières années. La phase du Covid a montré leur importance et le besoin de communication coordonné au niveau de la FER. Notre fédération se digitalise également de plus en plus, avec un bulletin de session en ligne et l’utilisation de Teams pour les visioconférences. Elle a aussi organisé son premier webinaire sur la cybercriminalité le 30 juin dernier. Au niveau humain, il y a une très bonne dynamique entre nous et l’envie de créer encore davantage de collaborations.
Quels sont les plus grands défis actuels et futurs auxquels est ou sera confrontée la FER ?
La FER doit poursuivre son travail de promotion et de défense de l’économie romande auprès des autorités fédérales afin que nos positions puissent être connues. C’est un moyen de défendre l’intérêt de nos membres. Les échanges avec les parlementaires ou les événements au Parlement sont importants pour débattre de sujets fondamentaux, comme le dossier européen, la fiscalité ou les questions liées aux assurances sociales. La FER doit également maintenir sa bonne dynamique à l’avenir en gardant des contacts étroits entre les membres de la FER et en développant des projets en commun comme la communication interne.
Comment la FER fait-elle entendre sa voix auprès des autorités fédérales ?
La FER est la seule organisation économique faîtière romande à avoir été reconnue par les autorités fédérales. Elle répond à de nombreuses procédures de consultation, ce qui lui permet de donner ses positions sur une multitude de sujets. Elle participe aussi à plusieurs commissions fédérales, donc directement aux travaux de ces dernières que ce soit au titre de la FER ou en collaboration avec les autres organisations faîtières de l’économie et du patronat. C’est le cas dans les domaines de la sécurité sociale, du chômage et du marché du travail, entre autres. La FER envoie également régulièrement un bulletin de session parlementaire afin de faire connaître ses positions sur les objets politiques fondamentaux pour notre fédération. Des rencontres avec les parlementaires sont également organisées et parfois des événements liés à des thématiques particulières, comme la réforme de la fiscalité des entreprises. La FER travaille aussi en relation avec une agence à Berne afin d’optimiser sa communication et sa présence à Berne.
Cette année, la FER organise son assemblée générale à Morat en septembre. En quoi est-ce important de revenir aux sources ?
C’est important de rappeler qui on est et le chemin parcouru depuis notre création, car la FER a grandi depuis lors et elle est active sur différents plans. Nous avons plus de 45 000 membres. Un beau succès acquis patiemment en 75 ans. L’assemblée générale de la FER est aussi toujours un moment de convivialité qui nous rapproche et nous permet d’échanger sur plusieurs dossiers importants pour notre fédération.
Vous avez annoncé quitter votre poste en 2023. Que retirez-vous de vos quinze ans en tant que directeur général de la FER Genève et secrétaire général de la FER ?
Je vais en effet quitter mes fonctions opérationnelles pour des raisons d’âge. Je retiens le formidable succès de la FER et de ses fédérations membres, son développement, sa présence sur quantité de sujets, la confiance de nos membres. Je mesure son évolution durant ces dernières années, avec des liens qui n’ont cessé de se renforcer et une collaboration très intense entre nous. Le Covid y a contribué, bien sûr, mais la machine était lancée depuis longtemps. C’était un objectif que je m’étais fixé au début de mon mandat et qui a été atteint. Il se poursuivra. A titre personnel, j’aimerais relever les liens d’amitié qui m’unissent à mes collègues des fédérations membres et les remercier pour le soutien dont ils m’ont fait bénéficier. Le succès de la FER est une œuvre collective que je leur dois. Ils vont me manquer.