Liberté de vote sur la révision de la loi CO2 – Interview de Liliane Kramer


La loi CO2 crée débats. Dans la société mais aussi entre les membres de la Chambre patronale. Ceux-ci ont finalement décidé de laisser la liberté de vote. Une première. Explications de la présidente Liliane Kramer.

La Chambre patronale a décidé de laisser la liberté de vote concernant la loi sur le CO2. Est-ce courant ?

A ma connaissance, il s’agit de la première fois que la Chambre patronale décide de laisser la liberté de vote sur une question de votation.

Pourquoi avoir pris cette décision ?

De manière générale, l’économie est divisée sur la question du CO2. Cela se ressent dans les associations que nous représentons. Une partie d’entre elles est en faveur de la révision de la loi CO2, l’autre est contre. C’est pourquoi nous avons décidé de nous abstenir de voter et de n’émettre aucune recommandation.

Lors des débats de la Chambre patronale quels arguments en faveur de cette loi ont été mis en avant ?

Le réchauffement climatique ne cesse d’augmenter. Et, la Suisse est touchée comme toutes les autres régions du monde. Cela se voit entre autres par le recul des glaciers. Ce constat fait, un des aspects de la loi favorisent les investissements dans le domaine de la construction qui respectent le climat. C’est positif pour les entreprises actives dans le domaine de la construction comme les installateurs sanitaires ou les chauffagistes. Finalement, l’adoption de la loi favorisera l’innovation et peut donc constituer une opportunité pour l’implantation de nouvelles entreprises dans le canton.

Et quels arguments contre ce texte ont été invoqués ?

Il y a d’abord eu le fait que cette loi est inefficace car la Suisse n’émet que 0,1% du CO2 mondial, ce qui n’a aucune influence sur le climat. Ensuite, cette loi est coûteuse pour la population car elle prévoit une nouvelle taxe sur les prix de l’essence, du diesel, du mazout et du gaz ainsi qu’une autre sur les billets d’avion.

Etiez-vous surprise que la question climatique soulève tant de débats ?

Il fallait s’y attendre. Tôt ou tard la question du réchauffement climatique nous affectera tous. La durabilité et le futur de la planète sont en opposition avec les coûts que sa préservation implique et qui sont contestés.

De manière générale, quels sujets engendrent des débats contradictoires entre les membres de la Chambre patronale ?

Globalement, les propositions de vote qui ont un impact financier élevé sur la population ont tendance à générer des débats d’idées entre les membres de la Chambre patronale. Ce qui est toujours positif pour comprendre les points de vues des opposants et nécessaire pour trouver un compromis.

La loi CO2 en résumé

La loi CO2 date de 2011. C’est dans le but de respecter les objectifs fixés dans les accords internationaux que la Suisse a ratifiés qu’une révision de cette loi a été rédigée. Ainsi, cette nouvelle mouture comprend différentes mesures destinées à réduire encore les émissions de CO2 d’ici 2030. Elle mise sur la combinaison d’incitations financières (taxes sur le mazout et le gaz; sur les billets d’avion et promotion de véhicules consommant moins de carburant), d’investissements (dans les infrastructures) et de nouvelles technologies (soutien aux entreprises novatrices).

Cependant, cette révision de la loi sur le CO2 ne protège pas le climat. Elle nuit aux entreprises et à la population de notre pays, car elle est coûteuse puisqu’elle inflige des taxes, interdictions et obligations. Elle est peu efficace puisque la Suisse produit à peine 0,1% des émissions de CO2 mondiales. Finalement, elle est antisociale car en infligeant des taxes, elle prétérite les bas et moyens revenus.

Ceux qui soutiennent cette loi avance le fait qu’elle s’inscrit dans la ligne de la politique climatique du pays, tout en la renforçant et en misant sur des mesures qui ont fait leurs preuves. Notamment en favorisant des investissements respectueux du climat dans le domaine de la construction. Elle encourage aussi le développement de technologies respectueuses de l’environnement.